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L’international, le défi de BlaBlaCar

Laure Wagner, membre de l’équipe fondatrice et responsable de la communication de BlaBlaCar, expose les stratégies internationales du leader du covoiturage, d’ores et déjà présent dans 18 pays.

« BlaBlaCar souhaite s’implanter en Amérique Centrale, en Amérique du Sud et en Asie »

Les secrets d’une bonne implantation internationale : la maîtrise de la langue, ce qui va de soi, et l’étude préalable du pays, pour déterminer les opportunités et les freins inhérents à chaque région.

Les États-Unis ? Ce n’est pas une priorité : la possession et l’usage d’une voiture ne reviennent pas cher à l’Américain, qui paie une essence bon marché. De même, les neveux de l’Oncle Sam prennent l’avion quand ils partent en week-end, compte tenu de l’étendue du territoire fédéral.

En revanche, BlaBlaCar souhaite se lancer en Amérique du Sud et en Amérique Centrale. En effet, les salariés de BlaBlaCar maîtrisent l’espagnol et le portugais, les citoyens de cette région tendent à covoiturer avec confiance, ils sont connectés à Internet et si les classes moyennes possèdent des voitures, l’essence pèse lourd dans leur budget. Autant d’opportunités pour les covoitureurs !

Bilan de BlaBlaCar en Inde ? Positif aux yeux de Laure Wagner : « Depuis deux mois que nous y sommes, nous constatons l’organisation de covoiturages tous les week-ends. »

La vie share, mode d’emploi : consommation, partage et modes de vie collaboratifs

En attendant la conférence Kaizen « Economie collaborative, économie de demain ? » et la présentation demain matin de Place To B, agitateur d’idées sur l’enjeu climatique créé par Anne-Sophie Novel, un retour sur le livre de cette dernière : La Vie Share, paru aux éditions Alternatives.

On ne présente plus Anne-Sophie Novel : cette journaliste spécialisée dans le développement durable, l’innovation sociale et l’économie collaborative avait publié Vive la CoRévolution en mai 2012 avec Stéphane Riot. Elle écrit régulièrement dans le magazine We Demain. A l’occasion de la Conférence de l’ONU sur le climat (COP21), elle monte Place To B, à la fois lieu de résidence, espace de coworking, programmation d’événements et « FabLab de l’info » autour du climat et des solutions à la transition écologique.

Elle avait décrit et analysé la corévolution dans son premier livre. Ici, son ambition est différente : La Vie Share se propose d’être un guide pour qui souhaite participer à l’économie collaborative. Il fournit une ribambelle d’exemples touchant tous les domaines d’activité possibles : habitat, alimentation, éducation, tourisme, transports, travail, vie quotidienne. Les sites pris en exemple sont tous répertoriés à la fin de l’ouvrage pour qui souhaite aller plus loin. Et loin d’être un catalogue, ce livre apporte de nombreuses pistes et perspectives sur un secteur d’activité encore jeune.

Anne-Sophie Novel distingue en préalable l’économie du partage et l’économie collaborative. Elle différencie les sites qui transforment les échanges de biens en échanges de services ; les plateformes d’achats groupé et de financement collaboratif ; les espaces de redistribution, par le troc et la revente ; les services fondés sur l’expérience de cohabitation des acteurs autour d’un même projet ou d’un même événement. Tous ces secteurs, quoique différents, reposent sur plusieurs terreaux communs : à commencer par la confiance des acteurs. Par ailleurs, issues du numérique, elles sont conditionnées par la simplicité de navigation sur le site, et d’usage du service. Les modèles sont multiples. Les échanges sont fortement localisés. Ils témoignent enfin d’un esprit communautaire.

Cette corévolution s’est imposée en premier lieu dans l’habitat et la vie quotidienne. En effet, l’habitat individuel, apanage des années 80, laisse du terrain au vivre ensemble, crise oblige. Foisonnent en conséquence les sites de colocation, de cohabitation intergénérationnelle, d’habitat groupé, d’échange (parfois définitif) de logements et de locations d’espaces. L’économie du partage a donné lieu à de nombreux services d’équipements : vente d’occasion, don, friperies, troc coexistent sur la toile. La géolocalisation favorise les initiatives valorisant le voisinage et l’entraide. Elle n’a pas épargné, heureusement, l’alimentation, compte tenu des scandales alimentaires passés. Les AMAP, les associations de lutte contre le gaspillage alimentaire et les jardins partagés visent à favoriser une agriculture plus locale et plus responsable.

Cependant, les plus belles réussites de l’économie collaborative et de la share economy concernent le tourisme et le transport. En effet, les jeunes prisent de moins en moins la voiture, le covoiturage coûtant deux à trois fois moins cher et économisant par an et par passager 1 à 1,2 tonne de CO2. Les touristes partagent désormais des logements, des repas et des bons plans avec les locaux : la consommation de masse laisse la place à la rencontre.

Le dernier chapitre examine les façons d’apprendre, de travailler, de financer des projets, de s’amuser et de s’engager différemment : MOOC, co-working et crowdfunding réinventent l’entreprise, la formation et le travail.

Anne-Sophie Novel conclut, soulevant le problème du (des) statut (s) fiscal (fiscaux) à l’oeuvre dans l’économie du partage, et analysant la notion de confiance, primordiale dans ces nouvelles formes d’activité et encore en construction.

Les acteurs et les leviers d’action de l’économie circulaire

Ce sujet a fait l’objet de la deuxième table ronde intervenue le 17 décembre dernier à la Halle Pajol dans le cadre de la journée organisée par la Jeune Chambre Economique de Paris.

Ont débattu à cette occasion le député écologiste François-Michel Lambert ; Laurent Claude, expert de l’économie circulaire chez Renault Environnement ; Rémy le Moigne, auteur de l’Economie Circulaire – Comment la mettre en oeuvre dans l’entreprise grâce à la reverse supply-chain, aux éditions Dunod ; Eric Allodi, fondateur de l’EPEA Paris, cabinet de conseil en économie circulaire.

D’après François-Michel Lambert, la ressource est au centre de la réflexion sur l’économie circulaire, qu’il pilote en tant que fondateur de l’Institut de l’Economie Circulaire. Le numérique lui semble un moyen de nourrir l’économie collaborative, qu’il rapproche de l’économie circulaire. En effet, grâce au covoiturage promu par Blablacar, une tonne d’automobile produit un service à davantage de personnes. De même, Uber proposait un service de transport de colis dans les coffres de voiture. Cependant, de son point de vue, la création  de performance sur les ressources impose de trouver un périmètre d’intervention adéquat. Si la France obéit à cette dynamique d’économie circulaire, il reste du travail. En cause, le retrait du paquet économie circulaire des négociations de la Commission Européenne en décembre 2014.

Le député écologiste identifie des freins politiques. En effet, le temps médiatique est plus exigeant que le long terme, qui appelle une évolution nécessaire dont les résultats ne s’inscrivent pas dans l’immédiateté.

Laurent Claude expose ensuite la stratégie de Renault Environnement, qui a pris le parti, selon ses propos, de faire de l’économie circulaire un levier de compétitivité, l’automobile constituant un bien durable et coûteux. Aussi, le véhicule est conçu pour être réparé, reconstruit et démonté en fin de vie. Les pièces sont réalisées pour des opérations de services après-vente. Par ailleurs, des matières sont collectées en fin de vie. Enfin, Renault Environnement travaille sur l’allongement de la durée de vie des véhicules. Cette stratégie permet d’offrir des solutions à la clientèle et d’apporter de nouvelles affaires. Ce business est rentable. En effet, Renault Environnement génère 370 millions d’euros de chiffre d’affaires par an, l’activité remanufacturing 200 millions d’euros en Europe.

Rémy le Moigne distingue plusieurs modalités pour inclure l’économie circulaire dans un business :

– le recyclage en boucle longue, aurpès des personnes qui fabriques et celles qui collectent et recyclent. L’intervenant identifie cette solution comma la plus facile et la moins performante ;

– les industries pétrochimiques favorisent les boucles courtes : le déchet est remis dans la production ;

– le prolongement de la durée de vie des produits a été initié par Philips, qui refabrique les équipements médicaux dans une usine dédiée à Amsterdam, avant de les revendre moins cher ;

– les symbioses industrielles : les brasseurs rejettent des grains d’orge broyés qui peuvent servir aux éleveurs ;

– l’usage du produit, plutôt que le produit, est vendu, chez Xerox ou Michelin par exemple ;

– l’économie collaborative met l’entreprise de côté au profit des citoyens.